Journal de bord d'un Caméléonien à Casablanca - Episode 2



Jour 1, 30 avril 2019

Première journée de travail sur l’animation d’ateliers avec Anas, Said, Amine, Rabab, Ahmed, Mustafa, Machour, Mohacine.

Nous sommes dans la salle, majestueuse. Plus un mot, les participant-e-s, en tenue de combat (training, pieds nus) sont très à l'écoute, très (trop) respectueux. On joue, on improvise, on communique… ils bossent avec une intensité peu commune.

18h : cortège de voitures pour aller souper chez Anas…. Une heure de route, de « on fait un détour pour ceci ou pour cela », etc. 

19h : dans le salon de la famille d’Anas, ça discute, on attend, un sort, l’autre revient…

20h45 : le plat arrive, majestueuse pastilla faite par la mère de Anas. 

On parle d’art, de forum, d’improvisation, du solo de l’un d’eux sur la vie de chauffeur de taxi, on rit, on parle, beaucoup et fort. Je suis raide mort.

Bonne nuit.

 

Jour 2, 1er mai 2019

Routes vides, fête des travailleurs. 

Cette équipe est incroyable, une vraie volonté d’apprendre, d’expérimenter. Nous jouons, nous créons des exercices pour aborder l’estime de soi, la communication, la confiance. Puis « comment structurer un atelier », c’est tellement intéressant de devoir transmettre une méthode souvent appliquée mais jamais décortiquée.

Et on parle de Boal, de cette volonté rebelle d’ouvrir le dialogue sans tabou. Merci Augusto, grâce à vous, on parle de sexe, d’égalité, de liberté, pendant les heures de stage, à la pause de midi devant un tajine-poulet, dans la voiture au retour.

 

Jour 3, le 2 mai 2019

Aujourd'hui, les participant-e-s, en binômes, vont commencer à présenter un atelier qu’ils vont animer et nous en serons les cobayes. Quel sérieux, quelle énergie, je les aime, tant c’est fort et valorisant de travailler avec elle et eux.

Pause de midi. 

Le deuxième binôme a choisi de présenter un atelier « estime de soi » destiné à des participant-e-s psychiquement fragiles. L’animateur nous fait faire des causeuses en demandant de raconter une situation émotionnellement forte.

 

Un jeune homme solide de 29 ans, assis en tailleur sur la chaise, raconte avec une voix terriblement paisible mon histoire, en arabe. Concis, efficace, je vois qu’à la fin de la narration, deux grosses larmes coulent sur ses joues, sans que sa voix ne le trahisse. La moitié des participants pleurent, l’un d’eux n’arrive pas à se reprendre, on fait un stop, une pause. Et on utilise ce qui vient de se passer pour trouver des pistes sur « que faire lorsqu’une émotion déborde et se répand ».

Puis crêpes au sucre, on parle de la vie, de la mort, on rit, on s’émotionne, tout ça sur une terrasse.

 

Jour 4, le 3 mai 2019

Cette dernière journée a été intense. On a bossé hyper bien et je reviens avec de nouveaux exercices dans mes bagages. Chic! L’objectif était de travailler sur l’animation d’ateliers. Objectif atteint. Et puis le gâteau de fin, les sourires, les rires, le thé à la menthe et les grandes discussions enflammées….

 

Lausanne, le 6 mai 2019

De retour en Helvétie, je reste plein de belles images de ce séjour dense, intense et tellement chaleureux.

 

A la revoyure mes chères et chers amis de Casa.

Pascal